Ecole primaire : le grand malaise

Après plusieurs années successives de suppressions de postes, le syndicat enseignant majoritaire dans le primaire interpelle le ministre sur la situation dans les écoles de Seine-et-Marne.

 Ecole primaire : le grand malaise

    Alors que 975 écoliers supplémentaires sont attendus à la rentrée dans le premier degré, les écoles publiques de Seine-et-Marne vont perdre 29 postes d'enseignants en septembre. Seront également supprimés les 39 postes de Rased (Réseau d'aide spécialisé aux élèves en difficulté) vacants sur un total de 287. Sur les 24 maîtres auxiliaires de ZEP (Mazep), seuls six resteront en place, à Meaux et Dammarie-les-Lys.

    Nouvelle manifestation aujourd'hui à Melun

    « Nous transférons ces postes pour renforcer les brigades de remplacements et prendre en charge des classes, explique François Morin, inspecteur académique adjoint. La situation est effectivement tendue, nous devons faire des choix qui correspondent à la continuité de service public. »

    « Les journées et les semaines non remplacées s'accumulent », déplore Vincent Xhéneumont, secrétaire départemental du Snuipp, syndicat enseignant du premier degré ,qui appelle, avec la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), à manifester aujourd'hui à 14 heures devant l'inspection académique, à Melun. « Nous nous mobilisons depuis cinq ans pour tenter d'éviter cette catastrophe annoncée. Ce déficit de postes ne peut plus durer. »

    La situation a atteint une telle ampleur que, fait rarissime, Sébastien Sihr, le secrétaire national du Snuipp, décrit dans une lettre au ministre de l'Education nationale « un point de rupture » atteint dans les écoles de Seine-et-Marne tandis que « l'inspectrice d'académie n'a tout simplement pas les moyens d'organiser un fonctionnement normal des écoles ». Et ceci malgré le recrutement d'une cinquantaine de vacataires et de retraités de l'Education nationale, souligne le syndicat. Mesures insuffisantes car des enseignants remplaçants sont déplacés en cours d'année, selon Sébastien Sihr.

    Depuis plusieurs mois, des collectifs de parents se créent spontanément dans les communes. Des familles occupent des écoles, font signer des pétitions, alertent les mairies. C'est le cas de cette école élémentaire seine-et-marnaise (lire ci-dessous) où le programme de lutte contre l'illettrisme a été supprimé avec le départ du Mazep, où une classe s'est retrouvée trois semaines sans enseignant et où la remplaçante affectée à une ouverture de classe a été détachée deux fois. Des « réquisitions » non remplacées. Cette école perdra aussi à la rentrée un maître sur les trois de son Rased. Celui qui aide les enfants inhibés ou stressés à s'adapter au rythme scolaire et apaise les élèves perturbés. « Grâce à ces maîtres spécialisés, le nombre de redoublants diminue et nous pouvons boucler le programme », estime une enseignante.