AEF - Un ancien proviseur rend ses palmes académiques pour protester contre la « prime à la casse »

« J’ai décidé de renvoyer mes palmes académiques au ministre de l’Éducation nationale lorsque j’ai découvert que les recteurs allaient toucher de 15 000 à 22 000 euros de prime en fonction du ombre de postes et d’établissements supprimés dans leur académie », indique jeudi 20 janvier 2011, Michel Ascher, ancien proviseur dans l’académie de Lille.

« Cette ‘prime à la casse’ est un scandale sans nom et est injurieuse pour les recteurs, à qui on demande de laisser de côté leur conscience », ajoute-t-il. Datée du 22 décembre 2010, sa lettre ouverte à Luc Chatel vient d’être publiée sur le site du Snes de Lille.

« Aujourd’hui, seule la logique comptable a droit de cité et le passage en force est la règle de conduite qui, seule, semble pouvoir être retenue », y écrit Michel Ascher, à la retraite depuis 2006.

Les recteurs d’académie disposent désormais d’un complément variable de rémunération : un arrêté et un décret datés du 12 novembre 2010 et parus au JO du 16 novembre 2010 prévoient de leur verser une « indemnité de responsabilité » en fonction de leur manière de servir et des objectifs à atteindre. « Il ne s’agit pas d’une prime exceptionnelle ni même de la création d’une nouvelle indemnité, mais il s’agit essentiellement d’un rattrapage, d’une amélioration du régime indemnitaire par rapport à d’autres fonctions de la Fonction publique », indiquait fin décembre à AEF le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative.

« Rendre les palmes académiques est un geste purement symbolique mais ce n’est pas un geste anodin », explique Michel Ascher.

« Lorsque j’ai mis les diplômes de chevalier et d’officier dans l’enveloppe, j’ai pensé à ma mère qui avait été très heureuse de me voir ainsi distingué, car il y avait là une forme de réhabilitation familiale : lorsque le gouvernement de Vichy a été instauré, mon grand-père, qui était alors proviseur du lycée Colbert de Tourcoing, a été radié de l’Éducation nationale, la fonction publique n’étant plus ouverte à une partie de la population française ». Michel Ascher a exercé dans différents établissements, souvent défavorisés, à Roubaix, Louvroil, Tourcoing et Seclin. Son diplôme d’accès au grade de chevalier dans l’ordre des palmes académiques a été signé par François Bayrou, ministre de l’Éducation nationale, en 1996 ; son diplôme d’élévation au grade d’officier a été accordé par François Fillon, occupant alors le ministère de la rue de Grenelle, en 2004. « Je n’ai jamais caché que j’étais engagé : lorsque j’ai signé en 2005 une pétition contre le traité constitutionnel européen, cela m’a d’ailleurs valu de me faire radier du hors classe des chefs d’établissements », affirme Michel Ascher. L’ancien proviseur « fêtera en 2011 [ses] quarante ans d’engagement au parti communiste ».